Si un moteur de recherche n'a sélectionné que cette page coupée du reste du service, cliquez sur le bouton Pour accéder à tout le site web ETCHAMENDY.com
(H)UR (1) “eau”. Le bsq. comporte de nombreux composés sur cette base : EURI, UR EGIN, UR IXURI, ORTZI/URTZI, *ORBE, UHER/UHEL, (H)UBEL, (H)URDIN. Voir ces mots.

  Cf. skr. vā́r, vā́ri “eau”, tokh. A wär “eau”. gr. ῤειν (ϝ/wrein) “couler” et ses nombreux composés : δια-ῤειν (diá-ϝ/wrein), bsq. ZIRIN “diarhée”, parfait ἔρρυηκα (ϝ/wérruēka) et bsq. ERREKA “cours d'eau”, δια-ῥευμα (diá-ϝ/wreuka) “courant d'eau” et bsq. ZURRUMBA/MA “chute d'eau”, etc. ; gr. πλου̑τος (ploȗtos) “richesse, abondance de biens” et ses composés issus de πλε(ϝ)ω (plēϝō) “inonder, se répandre, flotter”, πολυς (polus) “abondant”, lat. plus, gr. πληρόω (plēróō) “j'emplis”, got. fulls, irl. lan “plein”, gr. πλήρης (plḗrēs) “plein”, arm. “plein”, bsq. LILIRIKA “plein à ras bord” (Estérençuby, Béhasque, Lantabat, Lécumberry, etc.), qui est une forme verbale de parfait à redoublement (cf. gr. λελῡκα (lelūka) de λυω (luō) “délier”), bsq. LERA “luge, traîneau”, LERIN “glisser, s'ébouler, couler” (Estérençuby), bsq. IL(H)ER- “libérer”, ombr. loufir liber, lat. libes, etc., etc. La liste n'est certes pas exhaustive.

  Phonétique : bsq. HUR-A (déterminé = avec l'article /a/) ayant un /r/ liquide, la vibration de ce /r/ s'exprime (chez l'enfant notamment) par /nd/, d'où bsq. enfantin UNDA lat. unda, ondas, fr. onde.
  Bsq. HU(R)OL-(DE) “inondation” ; /OL/-/DE/ procède de la racine /*wo / el-/ “tourner”, thématisée en /-I/-E/, le /d/ est épenthétique et systématique (cf. ALDE, GELDI, GALDE (καλειν (kalein) “appeler”), GALDU, /*OLDI/ (cf. IHOLDI UHALDE) : /*HUOL/ /UHOL/, ayant une laryngale polymorphe suivant les dialectes, donne manifestement le thème II /*plo/, ce qui explique les formes i.-e. lat. pleō “emplir”, gr. πλυνω, πλώω, πλουτος (plunō, plṓō, ploȗtos),etc., mais thème I got. fulls “plein” et même thème II fléchi bsq. LEIZE “gouffre”, LEIRA “balançoire”, etc. Croisement, ou, identité originelle de deux racines : 1º : i.-e. /*swel-/*we/ol-/*kwel-/ ; 2º : bsq. /*UR-/*HUR-/*ZUR-/*ZIR-/*UL-/, cf. ZIRRIST, ZURU, IZUR, etc.... “tourner, rouler”.

  D'autres formes avec aphérèse de la bilabiale /π/ ou laryngale /h/ϝ/w/, arm. , bsq. LILIRIKA, castil. lleno “plein”, etc., doivent pouvoir se rattacher à la même base /(H)UR/L/ et /UHOL/HUOL/ /pl/ /l/ : bsq. LOI/LOHI “boue, vase” cf. gr. ἰλύς (ilus) “boue” (cf. lat. uelle et bsq. LEHI “vouloir”) ; bsq. LAIDO “injure” de LOITU “salir de boue” ; gr. λοιδορέω (loidoréō) “insulter”, Chtr. 645 : « étymologie obscure... » ; gr. λείϐω (leíbō) “verser goutte à goutte” et à vocalisme zéro *λíψ (líps) déduit du génitif λιϐός (libós) “ce qui coule, goutte”, aoriste ἔλειψα (éleipsa) à comparer à bsq. LIPITZ “gouttelettes, flocons de neige” (Lantabat), LIPIT-IK : négatif “ni goutte”, ZI-LIPIZTA “goutte” et la forme haplologique TI-LIZTA “goutte”. Ces formes ne sont pas relevées par Azk. et Lh. bien qu'actuelles, ces deux auteurs se limitent à LIPIZTA “dispute”, qui n'est qu'un sens secondaire abstrait, le sens premier en est “éclaboussure d'eau, de lait, etc.” ; bsq. LIMAR “goutte”, Lh. le traduit par “un peu de", LIMARKA "par petite quantité” ; le mot semble proche de gr. λιϐερόσ (libērós) “humide” et λιϐος (libóos), λίϐρος (líbros) “larme” ; gr. λίψ (líps) est glosé... « πέτρα ἀφ᾿ἦς ὕδωρ στάζει (pétra áphēs ϝ/wudōr stázei) : falaise rocheuse d'où tombe goutte à goutte l'eau » ; un toponyme-patronyme bsq. semble répondre exactement à gr. λίψ (líps) et λιϐηρός (libērós) : XILIBOLOST (Arnéguy, Uhart-Mixe), soit *ZILIBOROST = διἀ-λιϐηρος (diá- libērós) et suffixe /to/tu/ expliqué par les familles concernées comme ZILIBURRUST-AN, cf. ZILIPORTA “éclaboussure”, mais on ne peut pas ne pas prendre en compte l'identité des formes et de la structure. [pour le préverbe, cf. bsq. ZI-RIN et gr. διά-ῥειν (diá-ϝ/wrein) “diarhée”, bsq. ZI-RIMOLA “tourbillon”, TI-R-URI = gr. τεíρω (teírō) “transpercer, torturer”, etc., où l'on voit bien l'équivalent bsq. du gr. δία- (diá-) lui-même transcrit théssalien διέ (dié), lesb. ζα (za), éol. ζἀ (zá) par suite d'une prononciation consonnatique de /ι/ (i) (commun en bsq. : DIOT DAKOT) : cela donne bsq. ZA-BAL, ZA-PATU (διά-ϐαíνω (diá-baínō) διάϐατηρα (diábatēra) “cérémonie religieuse pour une traversée”), E-ZA-GUN (/e/ : augment placé différemment de la règle grecque, + /διά-/ζα- (diá-/za-) + /GUN/, équivalent de l'aoriste ἔ-γνων (é-gnōn) de γιγνωζκω (gignōzkō), cf. diagnostic et got. kann “connaître”)].
  Gr. λείϐω (leíbō), lat. lībā “verser goutte à goutte”, v. sl. leja, lili, lit. lieju, lieti “verser” sont à leur tour proches d'une autre famille de sens apparenté et de formes probablement apparentées aussi et en rapport toujours avec bsq. /HUR/L/, etc. : gr. λειπω, λιμπανω, λιπειν (leipō, limpanō, lipein) “laisser, abandonner, manquer”, cf. εἰς τι ἐνκατ-έ-λιπές με (eis ti enkat-é-lipés me) (Marc 24, 34) « ut quid dereliquisti me : pourquoi m'as-tu abandonné ? » Λειπω (leipō) dérive de /*lei.kw-/, qui se retrouve tel dans bsq. MAI-LEGU “crédit, prêt” et dans lat. līqu-ī (thème II), got. laihw (thème I) des parfaits. Au présent thématique skr. ri-n-ák-ti, lat. linquō, got. leihwan, v.h.a. līhan “prêter” ; au lat. delinquō “manquer au devoir, commettre une faute” répond bsq. DILINGAN/DAN “suspendu, pendu”, DILINGAKERIA “abandon, laisser-aller, mollesse”.
  À lat. liquō “filtrer”, “liquéfier”, lat. lixa “eau (chaude) pour laver”, bsq. LISKA “marécageux”, LIZUN “marécage”, LATS- “lessive”, lat. lauō “laver, baigner”, gr. λουω (louō) “laver”, lat. laxus “relaché”, bsq. LASAI “détendu”, lat. legāre “déléguer, laisser”, gr. λήγω (legō) “se relâcher”, qui aurait pur racine /*slēg-/ ?? Chtr. 635.
  Gr. λειμων (leimōn) “prairie humide”, λιμνο-θαλασσα (limno-thalassa) “lagune”, λιμναῖος (limnaĩos) “qui vit au bord des lacs, de lac”, Chtr. 628 : « on n'aperçoit pas d'étymologie claire » ? Lat. limus “limon, boue”, lat. lacus “réservoir d'eau”, v. sl. loky “lac, marais”, λάκκος (lákkos) “étang, citerne”, bsq. LAKO “pressoir”, LAMINA/A “êtres féminins mythiques hantant lacs et cours d'eau”, gr. Λάμια (Lámia) “croquemitaine femelle vorace”, lat lamia “vampire, ogresse”.

  L'ensemble semble bien avoir pour base /HUR/L/-L/. Sans aphérèse du phonème initial : lat. ūlīgō, -inis “humidité naturelle de la terre”, uūeō “être humide”. M. 758 : « [...] formes rares [...] seulement dans Verron [...] peut-être des inventions étymologiques. Cf. ūlīgō et unda ?» Lat. ūmeō “être humide” que MEILLET rapproche de gr. ὑγρός (ϝugrós) “humide”, op. cité, 746 : « [...] on partirait de /*ug-sm-/ ou /*oug-sm/ et de /*e/oug-w/. » Op. cité, 711 : « Lat. uadum “gué, bas-fond(s)”, synonyme poétique de undæ, maria » ; lat. uādō “aller, s'avancer” que MEILLET relie pour l'étymologie à uadum. Peut-être lat. uagus “errant”, sans étymologie précise (M. 711). Got. wegs “mouvement violent de la mer, vague”, v.h.a. wāga “balance”, gr. dor. γαιάϝοχος (gaiáϝokhos) “qui secoue la terre”, lat. uectis “levier”. À cet ensemble correspond bsq. HIG-I “mettre en mouvement” et sans doute UHIN “vague de la mer” où réapparaît la base /UR-/ “eau” sans que l'on puisse interpréter le deuxième teme du composé -/IN/ ou /ϝIN/ ? La forme UHAIN existe aussi dans la langue actuelle, qui évoquerait -/GAIN/ “hauteur, sommet”, mais cette forme est complexe et haplologique de GARAIEN. Voir ce mot.
  Cf. J. B. ORPUSTAN, Le basque au Moyen-âge : UGINAGA (Sainte Marie d'UGANGE !) pour l'église bâtie au dessus du pont de Saint-Jean-Pied-de-Port.

  Le lat. uectis dérive du verbe uexō “agiter”, homonyme de uehere (M. 73) “transporter par terre ou par mer” au moyen d'un véhicule quelconque : voiture, cheval, navire, sur les épaules. L'aoriste uēxi a son correspondant skr. ávākṣam et v. sl. věšu. Le celt.-lat. co-uinnus “char de guerre” et l'isl. vagn “voiture” évoquent bsq. UHAIN, ce qui, seul, ne serait pas suffisant, certes, pour affirmer une parenté. La forme du bsq. actuel gérondif HIGITZEN/HIGITEN (S), comme beaucoup d'autres gérondifs qui servent de base à la conjugaison durative, semble procéder d'une forme d'aoriste fossile *HIG-IZ(AN) = racine /HIG/ + /IZ-/ auxiliaire être, ce qui rejoindrait les aoristes sigmatiques du grec et beaucoup de parfaits latins. Voir thèse.
  Les formes gr. πλήθω (plḗthō) “être plein, complet”, πλήθος (plḗthos) “foule, grand nombre”, πλήρης (plḗrēs) “plein”, πλητωρικός (plētōrikós) “souffrir de pléthore” (forme grammaticale à comparer à bsq. BETERIK, ancien parfait sans doute, actuellement confondu par les grammairiens avec BETE [= πλήθος (plḗthos)] participe passif “passé”), πλεῖος, πλεως (pleĩos, pleōs) rapprochés (Chtr. 902) de l'arm. “plein”, lat. pleō, parfait pleui “emplir” (à comparer à bsq. LILIRIKA, autre parfait à redoublement et flexion identique aux parfaits gr. , cf. λελῡκα (lelūka), dont le // correspond au dialectal bsq. LILÏKA (M. Marcel RÉCALDE, Béhasque, 2004) “tout á fait plein”, lat. plūs et gr. πολύσ (polús) “en plus grande quantité”, skr. purŭh “abondant”, avest. frāyō “plus” et fraēštō “le plus abondant” à rapprocher du bsq. FRANGO/KO “abondant, beaucoup”.
  À noter ici aussi la diversité de formes dispersées ailleurs et “regroupées” en basque. Cette liste n'est pas exhaustive.
Retour à la liste des mots du lexique
commençant par H