GARAINDI/GAINDI, verbe : 1º “dépasser”,
“franchir” les montagnes (palombes) ; 2º “déborder”
le lait sur le feu, le moût en fermentation, l'écume du cidre,
et. ; 3º “surpasser, l'emporter” sur le concurrent
(à la pelote) ; 4º “affronter victorieusement”
les difficultés, les défis, les problèmes, etc.
Le mot a pour radical /GAR-/ “tête” en composition
seulement : GAR/KAR-EZUR “os du
crâne”, GARKOLA “creux de la nuque, nuque”,
GARONDO “cou”, GARAUN “moelle du crâne”
= “cervelle”, GARUNTEGI “cerveau” et /GARA/
“haut, hauteur, élever, développement, expansion”,
“crâne”. Avec alternances vocaliques GORA “haut”,
GORETSI “glorifier”, GORAZARRE “célébration”
et GARAIÑO/GEREIÑO “étalon”,
GIRI “oestrus, rut de la jument et de l'ânesse”
; skr. gı̊ri-sravā “torrent
de montagne”, etc.
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GARAINDI
/GARA-I/, locatif (cf. gr. χαμαί
(khamaí) “à terre”), + /N/ (cf. ORA-I-N
“maintenant”, “à l'heure là”)
= “en haut”, et + /DI/, suffixe de thématisation
verbale = “qui est en haut, qui tient le haut, qui a le haut”.
GARAINDI “dépasser, surpasser”, thème
I, a pu donner le lat. th. II grandis,
pour lequel A. MEILLET, 281, écrit : « l'étymologie
de ce mot “vulgaire” à vocalisme /a/
est inconnue. Le mot i.-e. signifiant “grand” est représenté
par latin magnus. » Cf.
bsq. NAGUS-I/NAUS-I, lat. magis
“plus”
magister “supérieur,
maître”, gr. μέγας
(mégas) ) “grand, vaste, important”, “puissant”.
Voir HANDI,
NAGUSI
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GEHI : GARAINDI contracté
donne GEHI/GEI “plus”. |
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GEHIEN
/GARAI/ + /EN/ “le plus haut, le plus grand, l'aîné,
le plus ancien”, à suffixe de superlatif /EN/
: cf. LEH(I)EN “préféré,
premier”, HOBEREN “le mieux, le meilleur”,
litt. “le plus élevé” (/HOB-/ = /UP-/)
; cf. en th. II gr. κρείων
(kreíōn), employé surtout pour Agamemnon, κρέων
(kréōn) “maître, souverain” : «
et l'on pense à une forme de comparatif que l'on rapproche
de comparatif indo-iran., avest. srayah-,
skr. sreyas- [...] À l'origine
un substantif avest. srī-,
skr. śri-, féminin,
“souveraineté, richesse, éclat”, etc. [...]
Εὐρύ κρείων
(eurú kreíōn) “dont la puissance s'étend
au loin” (dit d'Agamemnon) [gr. εὐρύ
(eurú)
bsq. URRU-N “loin”]. » Chtr. 580. À
noter skr. śiraḥ
“tête”. |
De la même racine peut-être (th. II) κρατος
(kratos) notion de “dureté”, “force, victoire,
pouvoir, souveraineté” ; sûrement γήρειον
(gḗreion) “tête de chardon” ; sans doute γη̑ρας
(gēras) “vieillesse” et γέρων
(gérōn) “vieux”, skr. j̊̊erı̊mán
“vieillesse” (des th. I). Chtr. 218 : « Γέρων
(gérōn) doit être une vieille forme de participe, identique
à skr. j̊̊aránt-,
ossète zārond “vieillard,
vieux”, etc. (et pourquoi pas bsq. ZAHAR “vieux”?
! qui doit sans doute dériver de ZAKHAR “croûte”
de /*ZA/ “très” + /KHAR/ “dur, racorni”
skr. śárkarā
pāli sakharā “concrétion
siliceuse qui se trouve dans les entre-nœuds de certains bambous de
l'Inde”
gr. σάκχαρ
(sákkhar) “sucre”. Noter bsq. KAR/KARRI
“roche”
KARBE “caverne”).
De GARAIN encore, semble-t-il, gr. th. II κραίνω/κραιαίνω
(kraínō/kraiaínō) “(s)'achever, (se) terminer”,
“être maître, régner sur”. Chtr. 576 : «
le sens du verbe s'explique par la notion de “mettre la tête,
le terme sur”, cf. gr. καρᾱνοῡν
(karānoūn) et, bien entendu, fr. achever
» (de “chef”/caput).
Voir GARAIN-DU.
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