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URTE “année, an”, composé d'un radical /A/OR-/ (cf. ARO “temps qu'il fait”, “saison”, “époque”, et ORAI “maintenant” avec désinence /i/ de locatif, ARAIZ “à temps” désinence de locatif et /z/ désinence d'instrumental ; cf. gr. Ὥραι (ϝ/hṓrai) “les heures”, ὧρος (ϝ/hōros) “année”, ὡραῖος (ϝ/hōraĩos) “de saison, qui vient en son temps”), probablement dérivé de /(H)UR/ “eau”, complété par le suffixe /-TE/ de collectif ici à valeur de durée (“temps de”) : “(temps) des eaux” = “saison des pluies” = “année”. Cf. HAIZE-TE “temps de vent”, EL(H)URTE “temps de neige”, EURITE “temps de pluie”, BUSTI-TE “temps humide”, IDORTE “temps de sécheresse”).

  AURTEN “cette année” /HAU/ “ce, cette” + /URTE/ “année” + /N/ “en”, littéralement “en cette année”. Construction anormale dans la grammaire actuelle : /HAU/ démonstratif de premier grade se postpositionne au terme qu'il détermine. La construction recouvre le germ. hių jāru “l'année en cours””, all. mod. hener et les démonstratifs se ressemblent, comme le lat. hocannō, osq. akeneiin annō = en cette année. Démonstratifs /hoc-/ et /ak-/). A. MEILLET, Linguistique historique, 139
  Cf. got. jer de germ. *yer ; v. isl. vȧr, lat. vēr, /*was-r-/ *wes-n-/ ; gr. ἔαρ, ἕαρος (ϝ/hear, ϝ/hearos) “printemps”, ἡαρινός (ϝ/hēarinós) “du printemps, printanier” : on notera la formation de l'adjectif à l'aide d'une ancienne désinence de génitif (E. Bvn. Origines) toujours productive dans le basque : cf. dialectal AROAIN/ARUAIN moderne AROA-R-EN “de la saison, saisonnier” (cf. rex, -egis regina (roi reine).

  CHANTRAINE, 1304 : « le terme est d’origine i.-e. avec des correspondants dans plusieurs langues pour désigner soit l’année, soit une saison : il n’est pas impossible que l’année ait été désignée à partir d’une saison caractéristique (métonymie connue : skr. varṣȧ “pluie” “mousson” “année”, lat. bīmus *bi-hĭmus pour l’âge des animaux, etc.) [...] La forme repose sur /*yōr-ā/ dont le vocalisme se retrouve dans lat. hōrnus /*hŏ-yōr-(i)-nos/ “de cette année”, cf. v.h.a. hiuru *hiu-jaru, un vocalisme /ē/, dans /*yēr-ā-/, est attesté dans le germanique, got. jer, v.h.a. jār, v. isl. ȧr “année”. Le timbre ne peut être précisé pour l’avestique yārə (athématique) ni pour le v. sl. jara, etc., “printemps”. Ce qu’il faut peut-être retenir, c’est la notion d’un caractère cyclique qui s’exprime dans le rythme de fécondité de la nature, des êtres humains et des animaux, cf. skr. paryāriṇī pari-yār-in-ī dit d’une vache qui vêle pour la première fois après sa première année [...]. »

  Le suffixe /-inos/ de /*hŏ-yōr-(i)-nos/ “de cette année” lat. ancien hōrnus, récent hōcannō “cette année” évoque la désinence de génitif bsq. /-EN/ où l’on retrouve le vocalisme /ē/ de /yēr-ā-/. Et de même que l’on a l’enchaînement métonymique de skr. varṣȧ “pluie” “mousson” “année”, on aurait pour le bsq. (H)UR “eau” URI “pluie” URTZI “dieux du ciel” et “ciel” UR-TE à suffixe /-TE/ de durée, période, temps de (cf. IDOR-TE “sécheresse”, HAIZE-TE “temps de vent”, KARROIN-TE “temps de gel”). On aurait là peut-être l’origine de gr. ὥρᾱ (ϝ/hṓrā) “période définie de temps” considérée dans son retour cyclique: “saison, heure” et principalement “la belle saison”.

  Ὥραι (ϝ/hṓrai) “les heures”, ὧρος (ϝ/hōros) “année”, ὡραῖος (ϝ/hōraĩos) “de saison, qui vient en son temps”. Bsq. ARO (de /AR-/O/U ?) “temps qu’il fait”, “saison”, “époque”, et ORAI “maintenant” avec désinence /I/ de locatif, ARAIZ “à temps” désinence de locatif et /Z/ désinence d’instrumental. Voir ARO, AURTEN.
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