(H)ARPAN : 1º “harpon” ; 2º
“grande scie à deux manches”. La réunion de deux
outils aussi différents sous un même signifiant
dans le basque comme dans le latin (voir ARPERO)
surprend a priori. Antoine MEILLET, 595, s/sarpo
“tailler la vigne” : « Une racine /*serp-/
est attestée par gr. ὅρπηξ
[w/hórpēx] “rejeton, scion”,
v. sl. srǔpǔ “δρέπανον”
[drépanon] et de lette sirpis
“faucille”. Le vocalisme /a/
de lat. sarpo ne surprend pas dans un
terme technique. Gr. ἅρπη
[w/hárpē] “faux, faucille”,
lat. harpē “faucille”,
a un vocalisme ambigu. Cette racine comporte peut-être un élargissement
: cf. skr. sr̥ńī “faucille”
et lat. serra “scie” (et
sariō ? “sarcler”).
Irl. serr “faucille”, qui
peut se rattacher à /sarp-/,
est sans doute un emprunt au lat. serra.
» Et voici sans doute l'explication de l'apparente anomalie dans ce passage de Histoire de la France Rurale, I, 141, G. DUBY et R. WALLON, décrivant la culture technique des communautés d'agriculteurs implantées dès le milieu du Vème millénaire avant notre ère dans les hauts bassins de la Vistule, de l'Oder, de l'Elbe et du Rhin : « à côté de quelques petits grattoirs et de rares armatures triangulaires, on y rencontre surtout des fragments de lames, non ou à peine accommodées, dont l'utilisation n'est rendue évidente que par les traces d'usage qu'ils portent : un luisant prononcé, dû à un dépôt siliceux qui se forme lorsque l'on coupe les tiges de céréales ; celui-ci affecte soit l'un des côtés du fragment de lame, soit une des extrémités en oblique. Ces objets sont certainement des armatures de faucilles composites, qui étaient rangées en série dans des manches généralement en bois ; ceux-ci ont évidemment disparu, mais le bois de cerf peut avoir été utilisé, et quelques exemplaires entiers de telles faucilles composites sont connus dans les Balkans. Ce type d'outil, qui ne sera jamais adopté en France méditerranéenne, aborde le Nord-Est du pays avec le néolithique danubien... » Ceci appelle les remarques suivantes : • la technique de la scie dériverait de celle de la faucille du haut néolithique ; • l'étymologie du mot bsq. (H)ARPAN serait : /HAR-/ “pierre” + /APAIN/ “disposer, orner” ou /IPIÑ-I/ “mettre, placer” mot qui dériverait de lat. apponere. Voir APAIN et ARBA. |
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