KARBE, KHARBE, HARPE grotte, caverne, antre. Toponymes
signalés : deux toponymes andalous “latinisés”
CALPE(*) sont d'anciens habitats sous roche : l'un
à Gibraltar et le deuxième à 65 km au nord d'Alicante
; HARPE (Estérençuby) abri sous roche servant
de parc à brebis. Synonymes AITZ-PE, HARPE
et variante KALBE : cf. toponymes ZALBETE
(/ZALBE/ + /ATHE/) à Estérençuby,
poste de chasse surplombant une grotte naguère habitée, et
CILBETI, hameau dans les parages de Erro (HN) ; patronyme
CALBET à Hendaye. La forme s'analyse comme /KHAR-/KAR-/AITZ-/ “pierre, roche” et de l'adverbe de lieu /BE/PE/ “dessous, sous”. Des formes ayant perdu le /r/ devant consonne sont fréquentes en bsq. (cf. URTZO USO “palombe”) ou avec substitution d'un /s/ (ORTZE OSTE ; ORBE OSPE). On peut supposer que les formes /KABE/KOBI/ “nid”, /HOBI/ “creux”, OPHE “lit”, KOPHA “vide, creux”, etc., sont dérivées de KARBE. Cf. lat. cauerna caverne, tanière, terrier, etc. ; dans la langue nautique cale de vaisseau ; dans la langue médicale creux, orifice (du nez, des oreilles, etc.). Gr. κύαρ (kúar) trou, chas dune aiguille, et κῶος (kōos) taverne, tanière et κόοι (kóoi), éol. κούελα·κοιλος (koúela · koilos) (Hés.) ; v. irl. cúa “creux”, bret. kéo “grotte”, lat. cauus “creux”. MEILLET, 109 : « Lat. cauerna semble renfermer un double suffixe /*-er-no/ ; cf. internus, infernus, etc., [...] et être issu de /*cau-ero-nā/ », à moins qu'il ne soit dérivé d'un thème en /r/ alternant avec /n/, cf. gr. κύαρ, κύατος et κυαρος (kúar, kúatos, kuaros) de /*kower-o/ “caverne, trou”. E. BENVÉNISTE, Origines, 17 : « [...]. D'ailleurs il ne faut pas oublier les mots empruntés tels que cisterna, taberna, lanterna qui ont fourni des modèles. » On peut formuler l'hypothèse que lat. cauer- pourrait procéder de la métathèse de KARBE , génitif KARBEREN /*KAL-BE-R-EN/ (/u/l/), et le deuxième suffixe /–na/ correspondre à la désinence de génitif (ou de locatif) bsq. /–EN/, soit litt. “de la grotte” cauer(e)na, ce qui semble correspondre à de nombreuses formations d'adjectifs des langues i.-e., dont le lat. et le gr. *kunō “trou”, κύαρ (kúar) “trou de l'aiguille”. Chtr. 594. Plausible simplement. Gr. κόοι (kóoi), éol. κούελα·κοιλος (koúela · koilos) (Hés.) “trou, ventre” ; irl. cúq “creux”, bret. kéo “grotte”, lat. cauus “creux”, cauca, cauia “cage, ruche”, bsq. KOFOIN “ruche”, lat. cauannus emprunté au gaulois “chouette”, animal qui affectionne les grottes, etc. Voir KOFA et la publication LAPURDUM I, 21, M. MORVAN. (*) Une cité CALPE est signalée au bord de la Mer Noire, à l'est de Byzance et au sud de l'île de Thynias, dans Robert GRAVES, Les mythes grecs, Fayard, La Pochothèque, 18-19, “Carte du monde grec”. |
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