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HIRUR numéral “trois”, HEREN ordinal “troisième” et fractionnel “le tiers”.
  Cf. mycén. tiriowe “à trois oreilles”, tiripo “trépied” (Chtr. 1131), tiriseroe “le triple héros”, épithète d'une divinité, soit parce qu'elle est très ancienne, soit très puissante. Le préfixe τρι (tri-) peut prendre une valeur superlative.
  Le /u/ de bsq. HIR-U pourrait bien être un suffixe, comme le /-yo/ dans l'avest., θrit-ya, qui, de plus, confirme la présence d'une aspirée à l'initiale /θ/ (th), comme le /h/ du bsq. qui n'a pas de “dentale”. Le vocalisme du bsq. /i/ correspond à celui du mycén. tiri, du gr. τρεις (treĩs), τρεῖα (treĩa), etc... Et l'ordinal HEREN se trouve dans lat. ternī distributif. On peut remarquer que la forme bsq. est un thème I plein, tandis que les autres formes (exceptée la mycénienne) sont sur thème II. E. BENVENISTE pose une base /*tr-ei/*ter-i/, évoque la racine /*ter-/ (thème I), τεíρω (teírō) et τερ-μα (ter-ma) aux sens de “dépasser” : τρεῖς (treĩs) “dépasse” le nombre “deux” duel signifiant une paire... Bsq. HAR-ANTZ/HAR-AINDI “vers là bas, au delà” et lat. trans. Voir ces mots.
  A τείρω (teírō) “percer” et son aoriste radical thématique τορειν (torein) “percer, transpercer”, répond le bsq. TIRUR-I (absent chez Azk. et Lh.) et ZIRUR-I “tourbillon” en entonnoir des rivières en crue. Pour le vent perçant : FIRUR-I, comparable au gr. δἰατορος (diatoros) “perçant”. L'expression bsq. (Azk. 159) OIHU PATARRAKA = “en poussant des cris perçants” correspond exactement au sens du futur τετορήσω (tetorḗsō) “clamer avec des cris perçants”, Chtr. 1126 ; le préfixe du bsq. /PA-/ demeurant obscur : redoublement à dissimilation ? Bsq. TIRURITE “tourbillon perçant” et TEATULI (TERATARI) “grande tarière” répondent à gr.τερἐτρον (teretron), lat. taratrum, irl. tarathar, gall. taradr “tarière”, lat. terō “user”, gr. τεíρω (teírō) “user”, bsq. HIRA/GA-TU) “user”, “miner de l'intérieur (chagrin)”, Lh. 443 ; bsq. TORRA-TU “frotter, user”. Cf. skr. tārȧ “perçant”.
  D'après Chtr. 1098, racine /*ter-/ et rapprochements plausibles avec τέρην (terēn) “tendre”, τέρυς (térus) “tendre, faible”, τετραίνω (tetraínō) “percer, trouer”, τιτρώσκω (titrṓscō) “blesser” (avec une flêche), “avorter”, τρίϐω (tríbō) “frotter”, τρύω (trúō) “user, épuiser”. Bsq. ZIRO/ZILHO “trou”.
  A. MEILLET (s/terō) suggère un rapprochement de la racine /*ter-/, ci-dessus, avec une autre racine /*terə/ (ou un autre sens de cette racine) analysable dans lat. trāns “par delà, au delà de”.

  Les correspondants basques en sont HARAIN-DI/(H)ARANTZ et HARUNTZ “en delà, par delà, de l'autre côté”, composé de /HAR/démonstratif “là bas” + /AINZ/ (de ANTZ = lat. ante “devant”). HARAINDI/ HARANDIA signfie littéralement “là bas devant” = “de l'autre côté”. HUNAINDI, construit sur le même modèle par analogie formelle, “ce ce côté-ci”.
  Or HA-R-A(T)AINDI et HA-R-A(T)ANTZ /UNTZ/ = lat. trans, forme haplologique, sont formés de /HA/ démonstratif de troisième grade + /R/ phonétique + /AT/ désinence d'ablatif + /ANDI/ANTZ/UNTZ/ “devant, vers”, cf. lat. ante “avant, devant”, lit. añt “sur, vers”, v.h.a. andi, bsq. AINTZIN “devant”, lat. antiæ “front”, skr. antaḥ “bout”.

  Les linguistes ont eu interprété lat. trāns comme nominatif d'un verbe au participe présent... (MAROUZEAU) cité par MEILLET.

  Les étapes de la structure de bsq. HARAINDI pourraient se retrouver dans skr. tárati, tiráti “aller au delà”, la longue /ā/ de lat. trāns indique l'amuïssement d'une syllabe, avest. tarō “au delà, à travers” confirme la double syllabation, de même que verbe perse viy-atayaram “j'ai traversé”, tīrthám “gué”. Bsq. HARANTZ “vers là bas”, et lat. trāns“au-delà de” semblent apparentés formellement et sémiotiquement.

  On peut, en conclusion, adopter l'hypothèse de MEILLET : /tiri-/trēs-/trīa/ = BI(Z)RU(NTZ) “au delà de deux”.
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