GORDE, de GOR-DE sans doute, soit une forme verbale, participe
et adjectif verbal : “cacher”, premier sens en BN et S, et “conserver,
mettre en réserve”, dans les dialectes occidentaux, sans doute
sens secondaire. Exemples : IRUZKIA ODEIAK GORDE “le soleil
caché par la nuée”, EGIA GORDE “cacher
la vérité”. Substantif GORDA-GIA “cachette”, verbe GORDE-KA “à cache cache”. Pour TOVAR & AGUD, 691, « presumiblemente del lat. corda » car ils lui affectent le sens de “columpio” ... Il y a sans doute contamination de termes homophones. Pour GORDATU, TOVAR & AGUD rapportent le sens de “guardar”, “conservar” (B, G), “salvar” (B), “económico”, acceptions secondaires de notre point de vue. Evidemment « Se trata de formas de origen románico (a su vez de origen germ.), por ejemplo esp. guardar, bearn. goarda, [...]. » Mais l'explication de GOR-DE pourrait être moins simple, et dériver d'une racine plus lointaine. On peut formuler l’hypothèse d’un rapprochement avec skr. skr. grastar “qui obscurcit, éclipse”, terme d’astronomie... et dans ce cas, le sens de “cacher, dérober au regard” serait aussi un sens secondaire, et la signification initiale en serait “dévorer” (cf. mythologie des Germains : “le loup qui avale le soleil”) ; la forme gras-tar avec suffixe d’agent et radical gras- est un thème II élargi de /s/ (aoristique = auxiliaire être ?) et le thème I sera peut-être bsq. GERR-I “ventre”, GOR-DE “cacher”, HURR-UP “gorgée”, UR-GI, AR-TO “pain, nourriture”, etc. Cf. lat. uorāre, gr. γράω (gráō) “dévorer”, *γρασ-τήρ (gras-tḗr) “dévoreur”, γαστήρ (gastḗr) “ventre, panse”, rapprochés (Chtr. 237) de skr. grȧsate “dévorer”. Cf. Fenris et le lupus metallorum des alchimistes qui dévore l’or pour le “racheter” (purification de l’or à l’aide de l’antimoine). Hans BIEDERMANN, Encyclopédie des symboles, édit. Fr. 1996, se référant au mythe germanique et à certaines strophes du Rig-Véda, où la lumière est avalée sous la forme d’une caille, y assimile l’agrégat *Cronos-*Chronos qui dévore à la fois ses enfants et le temps qui passe... Cf. gr. κρύϐδην et κρυϐ-δα (krúbdēn, krub-da) “en cachette”, s/κρύπτω (krúptō) “cacher, dissimuler, etc... ”, thème II. Chtr. 589. Cf. isl. kryjǫ, kryti “cacher”, balt. kráuju, kráuti “entasser”, v. irl. crau, cro “hutte”, etc. Bsq. ORU “emplacement”, ORUBE “manoir familial”. Mais la racine de ORU est problèmatique, à moins de supposer la chute de la consonne initiale. Voir KILIMIS-KA. |
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