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BAZKARI “repas de midi”, “banquet” en contexte ; sens métonymique : dérivé de /BAZKA/ suffixé de /-RI/ (ou à l'origine /-DI/ ?) “convive” = “quêteur de nourriture”.

BAZKA : “pacage, pâtis”, “aliments” de toute nature destinés aux animaux. En mauvaise part pour les humains, idée d'abus, goinfrerie, ivrognerie, “appât”.
  Le mot semble suffixé BAZ-KA : /-KA/ “en quête de, à la découverte de, à la recherche de”. Soit une idée d'efforts répétés.
  La base /BA-Z/ déjà suffixée de l'instrumental /-Z/ probablement, semble représentée dans la langue contemporaine à l'état simple par /BASA/ ; s'il faut interpréter comme radical /BAS-A/ (/A/ article défini postposé) et /BAS/ (indéfini) des composés (BASURDE, BASONJO, BASIHIZI) ? /BAZ-/ suffixé est donc senti comme radical nu, et il s'agit en fait d'une base deux fois suffixée dans BA-Z-KA.
BASA : le premier sens que nous avons toujours cru percevoir comme tel est “lande, terrain jamais travaillé, le saltus latin, mais non couvert de bois, d'arbres”, soit “lieu de parcours dégagé pour le bétail”, le plus souvent ignorant toute clôture (cf. Estérençuby, Lecumberry, Béhorléguy, etc.). Donc “pâturage, herbage” ; “sauvage, indompté, farouche”.

  BAZKA dans ce cas qui nous semble probable, devrait s'entendre BASKA (palatisation de l'instrumental, cf. Iñaki CAMINO, Aezkoako euskera). D'autre part, BAZKA n'étant pas perçu suffixé fait l'objet d'une suffixation hypostastatique : « NEGU-BAZKAKA JUANA DA XIBEROARAT : il est allé en quête de pacage d'hiver en Soule » (Estérençuby). Une triple suffixation due aux réaménagements successifs.
  Il s'agit d'interpréter le sens de la base /BA-/. Il doit signifier “nourriture”, “alimentation” approximativement : bsq. JA-T, ZA-T, angl. food, et /HAZ-/ “croître, (s)'alimenter, (se) développer”, HAZKURRI “provende, nourrissant”, skr. bhakṣ-á “nourriture”, gr. φαγᾱς [*] (phagās) “glouton”, lat. ēsca “nourriture”, “appât, amorce”, et escarius “bon à manger, nourrissant” ; racine /*ed-/*od-/ (M. 192), /*pāt-/*pət-/ (M. 486). La dérivation de bsq. HAZKURRI est d'une forme verbale composée : /HAZ/ + /GARR-I/KORR-I/ du vieux verbe /*GAR-/ “faire”, thème I, et creāre, thème II.

  Correspondances hypothétiques : il dut y avoir une laryngale à l'origine qui s'est réalisée suivant les dialectes en gr. /π/ (p) δ/ (d), bsq. /J/DN/Z/X/B/, /f/ anlg.-sax., /ο/ dans les formes lat. edo et gr. ἔδω, εσθίω (édō, esthíō) “je mange”, angl.-sax. itan, etc.
 
Cf. lat. pasco, pascere “nourrir, engraisser, repaître” (propre et figuré) ; cf. Varron Men. 546 : ac mamam lactis sugentem pascere pupum. MEILLET, 46 : « plus spécialement, le sens de “nourrir” étant réservé à alo, -ere “faire paître” (les troupeaux) et “paître” (transitif et absolu) est le sens de pasco ». Bsq. ALA/AL(H)A “pâture”, AL(H)AN/ AL(H)A-TU “paître” ; en mauvaise part pour les hommes “abus de consommation”, “appétits, passions, vices”.
  BAZKA-TU, BAZKAN EMAN “donner la provende, mettre au (gras) pâturage”. MEILLET, 486 : « les deux formes /*-/ de pasco, pānis, pābulum, et /pās-/ de pastus, pastūra, pastor, qu'on observe en latin, représentent, l'une, une forme non élargie, et l'autre, une forme élargie par /s/ de la même racine. Cette forme n'est attestée nulle part, à moins qu'on ne la cherche dans la forme /p/ du germanique : v. angl. foþor “pâture” (d'animaux), ce que rien n'oblige à faire. Le v. sl. pasq “je fais paître” peut appartenir à la racine qui figure dans gr. πω̄υ (pōu) “garder”.
Cf. gr. βόσκω (bóskō), au moyen, “paître”, “se nourrir”, Chtr. 185 : « le suffixe /-σκω/ (skō) est généralisé à toute la flexion, il semble avoir pour fonction d'exprimer un procès qui se répète en vue d'une fin (cf. διδάσκω (didáscō) “faire voir” [bsq. ERA-KUS]. » Βόσκω (bóskō) à l'actif “faire paître, nourrir les animaux, nourrir”. Chez Hom. se dit des vaches, de chevaux, de chêvres, d'oies, d'animaux marins (à propos d'Amphitride). Les substantifs βοσκος (boscos) “pâtre”, βοσις (bosis) “pâture”, βοτόν (botón) “bête d'un troupeau”. Chtr. 186 évoque pour l'étymologie lit. gústas “troupeau” mais ne donne pas de réponse nette.
  Une curiosité : gr. χοιρό-ϐοσκός (khoiró-boscós) “pâture aux cochons” et bsq. ZERRI-BAZKA “pâture aux cochons”.

Voir ZERRI, HARRITU, SARROI, KIRIKIÑO, TURRIN-A.

[*] P. CHANTRAINE 1168 : « L'aoriste φαγεῖν [phageĩn] qui sert d'aoriste à ἐσθίω [esthíō] relève d'une base i.-e. à vocalisme /a/ de sens plus large “partager, répartir” attestée dans skr. bhájati “partager”, mof-te “recevoir une part, profiter de” ; le sens de “manger”, etc., apparaît dans les appellatifs bhak-tá “portion, repas, nourriture”, bhakṣ-á “nourriture, boisson, plaisir” avec les verbes bhakṣátyati et bhákṣati “manger, boire, profiter de”. Le sens originel de “partager” se trouve dans tokh. B pāke, A pãk “partie”, d'un i.-e. /*bhagos/, d'où skr. bhága- “possession, bonheur”, avest. baga-m, baya-n “part, bonheur”; [...] skr. bhága- “celui qui attribue, maître” épithète des dieux [...] v. sl. bogatŭ “riche”, u-bogŭ “pauvre”, etc. »

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