ARPA-TU : 1º “taller”, synonymes : (S)
ALKHOTÜ, (Garazi) ALDARROKATU litt. “re-raciner
à côté”: les céréales se multiplient
en touffes de plusieurs tiges à partir de l’unique tige initiale
issue de la graine ; 2º “former des griffes” (asperges,
racines secondaires du maïs, stolons du fraisier).
Deux directions de comparaison sont envisageables:
1º) |
Le roman arpa
“accrocher” (Lh.) et bsq. ARBA “ancre”,
ARPA “crampe”, “sorte de serpe à tailler
les haies”, gr. ἁρπάζω
(ϝ/hárpázō) “ravir,
saisir” et bsq. /HAR-/ “saisir, prendre”
et (H)ARRAPA-TU “attraper”, (H)ARRAPA-KIN
“butin”.
Gr. ἁρπαξ
(ϝ/harpax) “rapine”, ἁρπαγή
(ϝ/harpagḗ) “proie”,
“crochet” = ἁρπάγη
(ϝ/harpágḗ) avec une autre
accentuation, ἅρπη
(ϝ/harpē)
lat. harpē “faucille”.
Chtr. 114 : « À l'origine de tout le système se
trouverait le dérivé expressif en gutturale ἅρπαξ
dont ἅρπαζω
serait un dénominatif.
»
(H)ARPAN “harpon, grande scie à deux manches”
où l'on glisse de l'idée de “accrocher, attraper”
à celle de “tailler” et même de “scier”,
tout comme dans la série de latin : sarpo
(/s/ = réalisation
du digamma ʽ(ϝ)άρπαζω)
(ϝárpazō) “tailler la vigne”, serra
“scie”, sarrālia/serrātus
“en dents de scie”, bsq. SARRASKI “blessure
ou grande entaille”, SARRAST “incision, déchirure”,
onomatopée pour AZKUE. En effet, les vignerons ont bien
avec le couteau-serpe une petite scie égoïne courbée...
Mais sommes-nous encore sur la même racine /*HAR-/ “saisir”
? Ou bien sur /*ker-/ de κείρω
(keirō) “couper” ? Ou encore, les deux racines procèdent-elles
d'une seule et même origine très ancienne ?
Les parallélismes continuent : lat.
/-sex/ deuxième terme de
composé : resex “jeune
vigne taillée”, fenisex
“faucheur de foin”, v. isl. sax
“couteau” (du germanique /*saksa/)
et bsq. SASU “haie buissonnante taillée périodiquement”...
Et le gr. ἅρπεζα
(ϝ/hárpeza) “haie” et
ἁρπαναι·
μάνδραι βοσκηματων
(ϝ/harpanai-mándrai boskēmatōn)
gloses
de Hsch. = haies autour de pâturages.
Bsq. (H)ARPAN et gr. ἅrpaνη
(ϝ/harpanē), bsq. SASU et lat.
-sex peuvent être dérivables
de deux racines remontant à un même outil très
ancien : la hache : |
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/*sek-/
(lat. sěco, -āre,
gr. σχιζειν
-skhizein-) dont prototype lat. sěcūris
“hache”, bsq. SAKU “entaille”. |
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/*ker-/
(lat. căro, serra,
gr. κειρω
-keírō-) du deuxième élément
de sěcūris (/cor/)
“hache” et bsq. AIZKOR “hache”
de /AIZ/AZ/ “pierre” + /KOR/
“dur”, mais d'abord “pierre” = /KAR/. |
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Le terme bsq. semble aujourd'hui
redondant, mais les sémantismes
avaient peut-être une différenciation précoce.
L'arm. k'erem “je racle”,
invoqué pour attester l'origine de /*ker-/
(Chtr. 510), revient à étayer bsq. KARRA-KA-TU
“racler, graver”, cf. gr. χαρακτηρ
(kharactḗr) “graveur”, th.
I, et γραφειν
(graphein), th. II du radical “écrire”, etc., et
encore le même /KAR/ “pierre”, cf. gr. χαρία·
βουνος (kharia.bounos) “colline”
de la glose (Hsch.) signifiant “éminence rocheuse”
; et voici les deux termes de la glose réunis dans le toponyme
surprenant d'Esterengibel (Estérençuby) MUNUZ-HARRI,
massif rocheux très abrupt, naguère objet de petites
fouilles en quête d'or: MUNUZ/mūnus
“trèsor”
étymologie populaire. |
2º) |
L'autre direction étymologique pour
ARPA-TU serait gr. ἕρπω
(ϝ/hérpō) “ramper, glisser”,
skr. sárpati “ramper,
glisser”, lat. serpo, -ere “ramper”,
serpens “serpent”,
fr. serpolet . Selon Chtr. 377
ces termes « peuvent reposer sur une racine /*ser-/*wer-/
suffixée en /p/
» s/ἔρχομαι
(érkhomai), avec suffixe *χε/ο
(khe/o) à valeur d’aspect exprimant
un terme du procès (?), “aller, venir, marcher”
ïð bsq. HERRA-KA “se
glissant” (Saint-Jean-Le-Vieux). MEILLET (MSL
23, 249-258) émet l’hypothèse que /*ser-/*wer-/,
a valeur d’aspect exprimant un terme du procès (?), se
fondant sur skr. si-sar-ti “couler,
se hâter”. La psilose
proviendrait de la dissimilation
d’aspiration pour ἕρ-πω
(ϝ/hé-rpō)
bsq. ZIRRUN “reptile”, qui semble préfixé
/*ZI-/ (éol. ζά-
/zá-), gr. διά-
(diá-)) + /*wrein/ “couler”,
cf. ZIRRIZTA “jet” et “glisser”, IZUR-I,
etc... Donc probablement racine “couler” /*ser-/*her-/,
cf. bsq. ERNE “rapide”; ERREKA “cours
d’eau”, XARPOTXA “thym” ; HER-KA
“sillon”, HERRA/HERR/ HERRESTA “(se)
traîner, ramper” de /*HER/HERRI/ “terre”,
cf. gr. ἔρᾱ (erā)
“terre”. |
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