OHIDURA/OITURA : 1º “habitude, facilité
acquise pour faire quelque chose” ; 2º “coutume,
habitude, mœurs”. Les formes OHIDURA/OITURA, OHI/OI, etc. ont pour radical ORHOIT : 1º “se souvenir” ; 2º “mémoire”. Forme de BN OHOIT OHI et les autres formes contractées. Azk. : ENE OIRHOITEAN “en lo que alcanza mi memoria”.
Correspondances externes : gr. ἦθος (ēthos), pluriel ἤθεα (ḗthea) “séjour habituel, gîtes des animaux” (Hom. poètes). Chtr. 407 : « le singulier attesté depuis Hés., signifie “manière d'être habituelle, coutume, caractère”, etc. Le sens de “caractère, comportement”, déjà attesté chez Hés., prend une grande importance, notamment dans la composition et la dérivation . » Cf. εὐηθης (euēthēs) “bon, naïf”, κακοήθης (kakoḗthēs) “méchant”, ἦθος, ἠθικος (ēthos, ēthicos) “qui concerne le caractère, moral”. Le /θ/ (th) de ces formes correspond au /-TU/ des formes bsq. (E. Bvn., Origines : valeur de l'affixe /dh/ 188-210). Radical /*swēdh/ et vocalisme /ō/ dans le parfait de εἴωθα (eíōtha), vocalisme bref dans ἔθος (éthos). Ἔιωθα, ἔθος, ἔθιζω (éiōtha, éthos, éthizō), doublet ἔωθα (éōtha), parfait εἰωθειν (eiōthein), ion. ἐώθεα (eōthea) “avoir l'habitude”, souvent employé au participe : adverbe εἰωθότως (eiōthótōs) et dérivé εἰωθας (eiōthas), noter la similitude de la forme avec bsq. OHITUAZ/OITUAZ “comme de coutume, pour la coutume” qui est une sorte de supin, /-A/ déterminant + /Z/ instrumental. P. CHANTRAINE 327 : « on pose /*swedhos/ et l'on rapproche avec les suffixations différentes, skr. svadhā́- f. “caractère, penchant, habitude”, et got. sidus m. “coutume” qui peut reposer sur /*sedhu-/. On évoque également lat. sodālis “camarade, compagnon”, et on a admis une dérivation du pronom /*swe-/(ϝ)ε-/ avec ἔτης [étēs], etc. » Le mot indique l'appartenance à un large groupe social, d'où “citoyen”. Chtr. 382 : « on posera /*swe-t-ā/ (du thème pronominal /*swe-/). Le digamma est attesté à Olympie et par la métrique hom. : la psilose est issue de l'orthographie hom. [...] traces d'aspiration (Rdt). Une suffixation en dentale se retrouve en slave : rus. svatu (i.-e. *suotos) “beau-frère” ; lit. svēčias (i.-e. *swetios) “hôte”. » Bsq. pronom troisième personne du pluriel /HAIE-/ et élargissement /T/ avant désinences des cas obliques (correspondances phonétiques s/h normale, h/k, k/p, etc.). Contamination OHI-/OHAI- ?? Autre piste étymologique pour OHI et gr. ἦθος (éthos) qui est un /ὄρα/ (óra) + /εἰμί/ -eimi- (de εσμί (esmi) = /ες/ (es) + /μι/ (mi), le /σ/ (s) réapparaît dans εστι (esti) “il est”), εἰμί (eimi) = bsq. *NI-NIZ = “moi être” = “suis” = lat. “sum” = angl. “I am” (*Is am) qui a pour radical /*es/*is/, etc., “être”, l'un des trois radicaux des verbes d'existence /*is/*ar/*be/. Paticipe Bsq. OITU correspondrait à gr. ἦθος (éthos) ? Par sa signification : /uer/ = /ὄρα/ (óra) = /OHAR/ OK-HAR = “saisir œil”, soit “voir”, “éprouver une vision”. Pour bsq. /HAR/, cf. lat. fūr et gr. φώρ (phṓr) “voleur”. Le /ē/ de uerēri indique ce qui reste d'un auxiliaire causatif-factitif en /eyō/ [monēre “faire penser”; docēre “faire voir, montrer”, de /oc-/ (/ok/ = “œil”) ; censēre “faire dire (au Sénat)”, puis “déclarer solennellement”, de la même racine que canēre “chanter”... [cf. l'expression contemporaine “ils l'ont fait chanter (les policiers) = ils l'ont torturé”], uerēri “faire percevoir”. Ce causatif /eyō/ (M. 412), skr. /aya/ se retrouve en bsq. /ERA/ dans ERA-KUS “faire voir, docēre”, mais se réduit en postposition /AA/ā/ comme en latin et en sanskrit, et est curieusement suffixé /-Z-I/ qui semble une désinence de troisième personne archaïque (skr. /-ti/, hitt. /-zi/, lat. /-t/) : (E)KUS-Ā-ZI, le /i/ final pouvant être un morphème de prétérit, “faire voir”. La forme dialectale ou “populaire” actuelle (Garazi) pour uerēri est OHARRĀZ-I, mais forme littéraire OHART-ERAZ-I “faire remarquer, faire percevoir”. Ici encore, on peut noter la similitude structurelle des postpositionnements en i.-e. et en bsq. Pour compléter avec les correspondances relatives à bsq. OHAR/OAR : v. isl. varr “qui fait attention, qui prend garde”, vara “rendre attentif à”, got. war “attentif”, v.h.a. hiwaron “surveiller”, gr. ὁρῶ (ϝorō) “je vois”, hitt. werite “avoir peur”, weritenu “effrayer”, etc. Voir URDURI, BEL-DUR. Un autre mot latin « dont aucune étymologie claire n'est connue » M. 758, est ūtor, ūsūs, ūti (ancien *oitor encore attesté dans les graphies œti, œtier = ūtī, oitile = ūtule, fournies par les inscriptions anciennes ou les vieux textes de loi, e. g. CIL I² 756, 6 et 8 ; 586, 9 ; Fest. 288, 25 ; quelques emplois passifs de ūtor, cf. Nov. ap. Gall. 15, 15, 4) MEILLET 757 : « user, faire usage de, se servir, employer. » Verbe déponent à forme passive (/-r/-ar/) transitif anciennement, se conjugant ensuite avec complément à l'ablatif instrumental. Cette double construction existe encore dans le bsq, moderne :
MEILLET, 75. « L'existence de la diphtongue (de *oitor) est confirmée par osq. úittiuf, nominatif singulier “*usiō”, pélign. oisa “ūsā” (casnar oisa ætate) ? » Voir OHAR/OAR, ORHOIT. |
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