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ETORRI/ET(H)ORRI, radical ET(H)OR (donné par l'impératif impersonnel) : 1º “venir” ; 2º “arriver”, synonyme JIN, GIN ; 3º “aboutir”, synonyme HELDU ; 4º “en venir à” ; 5º “advenir”, synonyme GERTATU, AGITU ; 6º “naître de”, synonyme SORTU, JAIO ; 7º “convenir, s'adapter, aller bien”.

  Verbe à conjugaison synthétique partielle (TRINKO), ce qui peut éclairer la structure de la forme et suggérer des hypothèses d'interprétation. L'impératif comporte des formes diverses : viens :

  ET(H)OR ! à l'impersonnel ;
  ET(H)OR BEDI ! à l'impersonnel et avec auxiliaire ;
  • 2ème personne H-ATOR ! en tutoiement ;
  • 2ème personne HAOGI ! en tutoiement BN ;
  • 2ème personne AIGÜ ! en tutoiement S ;
  • 2ème personne XAUDI, XAURI, ZAURI ! vouvoiement familier ;
  • 2ème personne ZATO ! vouvoiement de respect ;
  • 2ème personne ZAURI, ZIAURI ! vouvoiement de respect S ;
  • 5ème personne ZAURTE ! vouvoiement pluriel ;
  • 5ème personne ZAUZTE ! vouvoiement pluriel S ;
  • 5ème personne ZATOZTE ! vouvoiement pluriel.

  Les formes où la dentale n'apparaît pas HAOGI/AIGÜ/XAUDI, XAURI, ZAURI, ZIAURI inciteraient à voir un /*AOR-/ comme base du verbe. La désinence /-DI/-RI/ recouvre la désinence en /θι/ (thi) des injonctifs grecs des verbes en /-μι/, cf. bsq. HADI “sois” avec l'auxiliaire ARE “être”, et au subjonctif NADI-EN, HADI-EN, etc. (comme dans l'arménien). La désinence /-TE/ de 5ème personne est exactement la même que celle des indicatifs, impératifs, des aoristes, subjonctifs, optatifs du grec (même /-TE/ à la 6ème personne de basque).
  Dans les formes à dentales HATOR, ZAURTE, ZATO, ZAUZTE, ZATOZTE, il y a chute du /-R/ aux trois dernières et apparition d'un /-Z/ de pluriel (cf. GOAZ, ZOAZ(TE), DOAZ(TE) “nous allons”, “vous allez”, “ils vont”).
  On peut penser que ET(H)OR *EN-T-OR ou AOR, cf. prétérit N'EN-TOR-EN ; donc le /E/ = augment, le /T/ inorganique ou phonétique, /OR/AOR/ racine-radical, probablement même forme que /AUR-/HUR-/ préposition-adverbe spatio-temporel “devant, avant” = lat. prō, prōd, gr. πρό (pró), et l'apparente contradiction des formes bsq. URRUN “loin”/AURREN “prochain”. ET(H)OR a pu signifier “avancer” vers le sujet, soit “venir”, cf. ET(H)OR-BIDEA “avenue” de l'euskera moderne, ET(H)ORKI “origine, naissance, extraction” et ET(H)ORKIZUNA “futur, qui doit arriver”.

  Correspondances hypothétiques :
lat. uerto, -ēre “tourner”. A. MEILLET 725 : « il est possible que la flexion ancienne ait été uortō, uorti, uorsus de /*uorsus/ [...] les manuscrits de Plaute ont indifféremment les graphies uortō et uerto. » Uersus participe de uerto devenu particule invariable “dans la direction de, vers”, n'était pas employé à l'origine comme préposition, mais comme adverbe avec les verbes de mouvement. M. 726 : « le vocalisme trouble de uerto tient à ce que les formes anciennes ont dû offrir une alternance : /er/ à l'infectum ; cf. skr. vȧrtate “il tourne” et got. wairþa “je deviens” ; /or/ peut être issu de /*or/ dans les formes du perfectum. » L'ombrien a kuvertureuertitō opposé à kuvurtus reuerteris ; l'osque ϝερσοσει (ϝersosei) “Uersōri, épithète de Jupiter (cf. pour Vénus épithète Uerticordia “au cœur changeant”). MEILLET 726, retient « le thème /*werte-/, courant en skr., germ., lat., manque partout ailleurs, et même l'avestique n'en a qu'une trace [...] lit. verćiu, versti “retourner” quelque chose, virstri, vi sti “se renverser, se changer”. »
Le basque lui-même (S) a un verbe HORRA “arriver”, Lh. 543 : HORRA DA “il arrive” ; EZ NÜK HORRA “je ne viens pas”.

  HOR “là”, adverbe, doit être une variante de /AUR-/HOR-/ “devant”, et se fléchit avec désinences casuelles : HOR-T-IK “de là”, HORRA(T) “vers ce côté là” : auxilié des verbes être (intransitif) et avoir (transitif) on a le verbe HORRA, HORRATU “venir, (se) rapprocher de celui à qui l'on s'adresse” : HORRAT EZAZU ZANGO HORI “ramenez à vous cette jambe”.
  Le même mécanisme joue avec HARAT “par là-bas, vers là-bas” qui s'auxilie également, mais moins couramment que le précédent, pour signifier un mouvement, principalement au degré de comparaison de supériorité : HARATAGOTU DUT “je l'ai écarté, repoussé, éloigné”.
  Enfin, un synonyme de ET(H)OR est HELDU, Lh. 286, “atteindre, arriver, aboutir, réussir”, dont la racine certaine est l'i.-e. /*we/o-/ “tour”. Ceci vaut pour le sémantisme probable de ET(H)ORRI et certaine de lat. uerto, -erē “tourner”.
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