Si un moteur de recherche n'a sélectionné que cette page coupée du reste du service, cliquez sur le bouton Pour accéder à tout le site web ETCHAMENDY.com
AUHEN “regret, désir, insatisfait, lamentation, complainte”.
  AUHEN-DA-TU/AUHE-KA-TU “(se) lamenter, déplorer””, “exprimer un vif désir insatisfait”. De AUHEN “plainte” /OIHU/ “cri” + /-EN/ génitif-ablatif (inessif), cf. skr. vȧñchati, vȧnati, vanoti “il désire” i.-e. /*wen-/, M. 722. OIHU, à la base du mot, au propre “cri, appel, réclamation, gémissement, plainte”, au figuré “appel intérieur des sentiments”, Lh. 796.
  L'idée fondamentale de AUHEN “désir, sentiment frustré”, “privation d'une satisfaction attendue” est rendue par ces vers du poête IRATZEDER (o.s.b.) dans une paraliturgie de Noël (1950) : Au questionnement étonné d'un paysan croisé dans la nuit, Saint Joseph répond :

  « ATHEZ-ATHE DUT DENER ESKATU DEN ATHERBERIK XUMENA
« ANDEREÑO BAT BAITUT NEUREKIN GAUR AMATUKO ZAUTAN
« DENER ALFERRIK DUT AUHENDATU ENE MINAREN AUHENA »
 
  « De porte en porte j'ai demandé à tous le plus humble des abris
« Car j'ai avec moi une dame qui cette nuit enfentera
« À tous en vain j'ai lamenté la lamentation de ma douleur »

  “Douleur” pour MINA est bien le sens le plus concret, mais le mot signifie au figuré “souci, pensée impérative, nostalgie lancinante, souhait très fort, préoccupation douloureuse”. Cf. lat. meminī “avoir présent à l'esprit, se souvenir” de racine i.-e. /*men/, M. 395, et gr. μιμνήσκω (mimnḗskō) “se souvenir”.
Voir MIN.

  AUHEN est un substantif probablement déverbatif dérivant du v. OIHU “cri d’appel” suffixé de la conjonction de subordination /-EN/-AN/ postposée ; cf. gr. Chtr. 821. « /ἄν/ (án) particule modale qui s'observe dans les propositions principales et subordonnées, mais originellement avec les modes subjonctif et optatif ».
  Donc, le sens originel serait “(ce) que je crie”, soit “plainte”.
  Comme correspondance : lat. aueō “désirer vivement, être avide de” (sans autre sens attesté), M. 56. D'après les glosateurs (P. F. 13, 17) « auere nihil aliud est quam cupere. Argumento est auidum et auiditatem... » À l'idée de “désir” et “d'avidité”, le poête Lævius, contemporain de Cicéron, avait employé auēns avec le sens de libens (frg. 9). Gall. awydd, d'où āviditās et avarus, et le verbe archaïque audeō “être désireux de, vouloir bien”. A. MEILLET 56 : « Nullement hors de l'italo-celtique, il n'y a correspondance nette [...] Étymologie peu claire. »
  Pourtant, le lat. a bien uenus, -eris et Uenus “l'instinct, l'appétit sexuel” et le skr. uanaḥ “désir”, attesté dans l'instrumental védique uanase [instrumental bsq. /-z/, cf. AUHENA-Z, AUHENE-Z de la désinence ou postposition /-GAZ/, composés skr. gīr-vanas “aimant les hymnes”, épithète des dieux, et yajña-vanas “aimant les sacrifices” M. 722] et A. MEILLET prècise pour ce terme « la racine /*wen-/ “désirer” est bien représentée dans les langues i.-e. [...] skr. vánati, vanoti, vañchati “il désire”, v.h.a. wunskan “désirer”, got. wunan “se réjouir”. De la même racine procéderaient uémor “chasser”, uenēnum “venin”, ueneror “demander une faveur aux dieux”, venia “indulgence, pardon”. »
  OIHU “cri d'appel” de /AHO/ “bouche (ouverte)” et élargissement /u/ (cf. OIHU-KA “à cri, crier”, cf. ευχομαι (eukhomai) “se vanter, prier à haute voix”. Le suffixe /–KA/ est un itératif très prolifique.

Retour à la liste des mots du lexique
commençant par A