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ARDI “ovin, brebis” ARTALDE “troupeau d'ovins” ; ARTA “surveillance, soin, protection” ; ATZAR “brebis de réforme” ; AHARI “mâle, bêlier” (Aldudes), “mouton (castré)” élevé pour la boucherie (S), ARZATZA “bêlier” (S) ; AHARKI “viande de mouton” ; ARTILE “toison (de brebis)” ; ARTAIZTUR “ciseaux de tonte” ; ARTIZAR “étoile du berger”.
  Il est possible qu'i.-e. /*owis/, gr. (ϝ)ις dérive de /*okw-/ (ə2ekw) “œil”. Cf. BEG-I “œil”, gr. ὄπωπα (ópōpa) “voir” et bsq. BEHA-/BEITU “surveiller”, ϝιδ-ε/ο (ϝid-e/o, lat. videō, etc. L'ovin est essentiellement l'animal que l'on surveille, que l'on garde. Cf. bsq. OHAR ( *O(K)HAR ?) “percevoir, tenir à l'œil, avoir à l'œil”, gr. ὅράω (ϝ/woráō) “porter la vue sur”. Chtr. 813.
  Le rapprochement avec lat. ariēs et bsq. AHARDI “coche” pourrait être un piège et ARDI, qui ressemble formellement à un verbe suffixé au prétérit, être un déverbatif (cf. GELDI, HANDI, KEZKATI, BALDURTI, LOTSATI, etc.) dont la base /AR/ ( OHAR “voir”) se retrouve dans HOR “gardien = chien”, avest. passuš-haurvō “qui garde le troupeau”, qualificatif de chien, et viš-haurvō “qui garde le village” et un présent niš-haurvaiti “il surveille”, german. werdōn “garder” (M. 260).
  Pour Chtr. 815, racine /*wer-/*wor-/ ; M. 723, /*sw̥er-/ et /*-ser/*wer-/ pour ὁράω, ὁρῶ (ϝ/woráō, ϝ/worō) lat. uereor, v. isl. varr “qui veille sur” et, surtout, le groupe de gr. (ϝ)οράω (ϝoraō) “je vois” et bsq. “remarque, note, etc.” OHAR-TU “voir, percevoir, apercevoir, remarquer...”, de /*OK/ “œil” + /HAR/ “saisir”. Voir HAR et gr. οράω (ϝ/woraō), Chtr. 813 : « porter la vue sur, voir, contempler. » On la retrouve également dans AGER-I, GARDEN “visible, transparent, clair, pur”, dans GARDI “point de vue, opinion, avis” ; cf. v.h.a. wara, féminin, “attention”, got. war(s) “prudent” bsq. ZUHUR “prudent” ; v. norr. varr, tokh. A war, B wera “odeur” (i.-e. /*woros/) bsq. HURRIN “odeur” et gr. ῥ́ī́ς, ῥῑνος (ϝ/wris, ϝ/wrīnos) “nez” et bsq. SUDUR “nez”, etc.
  ARDI aurait subi une contraction de sa base, amalgamant les deux éléments de composé et reçu un suffixe de prétérit. L'analogie déverbative est illustrée par gr. πρόϐατα (próbata), nominatif pluriel “bétail”, du verbe προϐαίνω (probainō) “marcher devant” et προϐάτον (próbaton) qui signifie toujours “mouton”.
  P. CHANTRAINE précise bien pour « ὁραω, ὅψομαι, εἷδον, ὅπωπα et ἑόρᾶκα (ϝ/woráō, ϝ/wópsomai, ϝ/weĩdon, ϝ/wópōpa, ϝ/weóraka) à conjugaison supplétive, /ὀπ-/ [ϝ/wop-] se rapporte purement et simplement à l'idée de vue, c'est la racine qui fournit le nom de l'œil (k/p normal). » Chtr. continue :
« ὁρα- (ϝ/wora) est franchement duratif, /ἰδ- [ϝ/wid-] [de εἷδον -ϝ/weĩdon-] est ponctuel et se rapporte à la notion de perception ». Ce que confirme bsq. BEITU (de BEHATU) “qui a observé, noté”, adjectivé “attentif”, attesté dans le “BETERRI” (G). Cf. gr. πείθομαι (peithomai) “obéir, être convaincu” ; got. beidan “attendre”, bsq. BEIRAN (de BEGIRAN) “attendre”. L'ensemble du groupe révèle la présence universelle du /be/bi/ “deux” initial (base /*bheidh-/ (Chtr. 869) et /*bhidh-to/, cf. bsq. BEGI (duel) *BE-OKW-i/ “oeil”. Cf. indo-iranien Veda, Bouddha “l'inspiré, l'attentif”, etc.
  Enfin, cf. gr ἀρνειος [arneios sans /ϝ/ (digamma)] “bêlier” de ἄρσην ársḗn) “mâle” A. MEILLET et P. CHANTRAINE 112. Bsq. /AR/ “mâle”. Possibles croisements de racines... perçues homophones.
  Autre hypothèse : bsq. ARDI “brebis” peut aussi dériver de /AR-/AUR-/ “avant, devant”, si l’on pense à gr. προϐάτον (próbaton) “mouton” προϐαίνω (probainō) “qui marche devant” et pluriel neutre πρόϐατα (próbata) “bétail” ; hitt. iyant “mouton”, participe de ija- “aller” bsq. JOA-N “aller” ; tokh. A šemäl “petit bétail” si c’est le participe de kām, sām “aller”. Chtr. 939 et 940 : « Seul le grec a le préverbe προ- [pro-] mais προϐαίνω (probainō) signifie “avancer”. »
  À noter en bsq. un autre nom pour “brebis” : ARRES, que Lh, 74 et Azk. I, 77, rapprochent de cast. res [*]. On peut plutôt penser qu’il s’agit d’un emprunt à lat. arra ou arrha “gages, arrhes” gr. αρρἁϐων (arrϝ/habōn) d’origine sémitique, qui a aussi donné v. fr. erres (dont le pluriel est mal expliqué) [**], cast. arras. Il était d’usage courant, dans le temps, d’utiliser les ovins à titre d’arrhes ARRESAK (N, S), ERRESAK (L). ARRESTEGI pour “bergerie” est toujours d’usage courant en Soule.

[*] J. COROMINAS rattache cast. res à lat. rēscosa” et exclut qu’il puisse provenir de l’arabe rá’scabeza”, “cabeza de ganado” pour des motifs phonétiques. Breve Diccionario de la Lengua Castellana, ed. Gredos, 1973, p. 504.
[**] Le Robert, Dictionnaire historique de la langue française, éd. 1998, T I, 211, s/ARRHES.

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