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AR (1) [*OR/*UR/] : “macho, varón : mâle” et, sens métaphoriques, “corchetes : crochets”, “bisagra y pernio : pivot et gond”. Ce radical entre dans de nombreux composés : INDAR “force, violence”, OLDAR “agression, élan, intrépidité”, ARRABOTS ? gr. ἄραϐος (árabos) “vacarme”, GALARROTS “charivari”, SENAR (?) “époux” (cf. SEIN “enfant”, SEMIN “douleurs de l’enfantement”, SEME “fils”, SENIDE “frère ou sœur”, SEINDUN “enceinte”, SEINGA “stérile”, SEASKA “berceau”), AITA/OR /AITA/ + A/OR = “géniteur, père géniteur” ; cf. i.-e. /*pitā/, gr. πατήρ (patḗr), lat. pater, angl. father (AITORALABA dans OIHENART, ESCONTIDEAREN HIL-KEXUA, MUSEEN CONTRA, et dans DUVOISIN, BAIGORRIKO ZAZPI LILIAK ; AITOREN-SEME en BN).Voir supraThèse.
  /AR-/ “mâle” peut être une variante de /*OR-/*UR-/HUR-/ “eau” “semence” “géniteur mâle” “mâle”, sens non directement attesté, mais déductible, avec un verbe d’existence /IZ-/ O/URTZI “dieu du ciel mâle” ? gr. Οὐρανός (Ouranós) , dor. ὠρανός (ōranós) “dieu du ciel” ; ORTZANTZ (de O/URTZI/ + /ANTZ(A)/ “manifestation”, soit “tonnerre, orage” ; ORTZI “foudre”, ORTZIKARA “orage” ; ORTZADAR “arc-en-ciel”... et les formes à sifflante palatalisée substituant /rz/ : OSKARBI “ciel dégagé” ; OSKHORI/ASKHORI “temps lourd d’orage”, litt. “ciel jaune” ; OSPE “gloire” (en fait “voûte céleste” ( ?) ORBE “orbe céleste”) ; OSTOTS et OSKAR “tonnerre” ; OSTEGUN “jeudi” ; etc. Gr. Οὐρανός (Ouranós) “voûte du ciel, séjour des dieux”, puis après Hésiode “dieu époux et fils de Γαῑα (Gaīa), la terre”, père de Kronos, père de Zeus. WACKERNAGEL, Kl. Schr. I ; 632 pose pour l’étymologie de Οὐρανός (Ouranós) : *(ϝ)ορσανός (ϝorsanós) dérivé d’un *ϝορσο- (ϝorso-) qui répondrait au skr. varsá- “pluie”. Chtr. 338 : « FRISK suggère que Οὐρανός pourrait être tiré d’un radical verbal, cf. skr. vȧrṣati “il pleut” et même ουῥέω [ϝ/wouréō] ... » Or, J. M. de BARANDIARAN, Euskal-Herriko mitoak, 393-394 : « ORTZI y OSTRI son los nombres vascos del firmamento o cielo azul [...] Ese término parece hallarse presente, como nombre de una vieja divinidad, en diversos vocablos que conservaron su contenido religioso hasta nuestros días. Me refiero a los que sirven para expresar la luz del cielo, el firmamento, el rayo, el trueno, la aurora y el arco iris, como son URZONDO y ORZONDO “alba”; OZTIL y UZTARGI “arco iris” ; ILURTZIRI “ruido del cielo”, “trueno” [...] Así, a OSTU u ORTZI son atribuidas las lluvias benéficas de la primavera, como lo indican sus nombres OSTEBI “lluvia celeste” (en Ataun) y ORTZI-EURI “lluvia celeste” (en Dohozti). »
  WACKERNAGEL, s’il eût connu les textes de notre anthropologue, aurait pu transcrire son hypothèse *ϝορσο- (ϝorso-) sans astérisque. Skr. varsá-, bsq. O/URTZI et gr. Οὐρανός (Ouranós) sont manifestement apparentés par les formes et les contenus sémantiques. MEILLET, 74, pour l’étymologie de lat. uerrēs “verrat” : « La racine est la même que celle de skr. vȧrṣati “il pleut”. » Bsq. AR (1) “mâle” recouvre bien skr. vār, vāri “eau”, cf. POKORNY, 80 et sq. cité par CHANTRAINE, 839.
  Correspondances de AR (1) “mâle” : gr. ἀρσενικόν (arsenikón) “genre masculin” (M. 224), Chtr. 116. :
« gr. ἄρσήν, -ενος [ársḗn, -enos] : Hom., trag., ion. ; ἄρρην [árrēn], att. ; nominatif ἄρσης [ársēns], laconien, réfection analogique d’après les nominatifs sigmatique ; d’autre part, avec un vocalisme /e/ ἔρσην [érsēn] ion., att., lesb., crèt., etc., “mâle” par opposition à femelle : c’est le nom générique du mâle (Bvn., BSL 45, 1949, 100-103) “masculin” [...] » ; lat. arsēn “mâle”, ărĭēs “bêlier”, uerrēs “verrat”, lat. uĭr “homme”, avest. aršan “mâle”, gr. ἀρνειός (arneiós) “bêlier”, ϝερση (ϝersē) “pluie”, got. wair, v. isl. verr, gall. gwr, irl. fer, lit. výras, skr. virȧḥ, avest. vira, ombr. ueiro “uiros” i.-e. /*wī́ro-/. Il y avait en i.-e. un autre nom pour désigner l’homme “viril”, le guerrier, en évoquant sa qualité : /*ner/.
  L’euskera /NOR/ “qui”, Azk. II, 83 : « /NOR/ quiere decir propiamente “persona”; no se usa tanto como /ZER/ designando “cosa”, pero en algun modismo se ve claramente esta significación. » Diverses expressions précisent le sens de “capacité, force de caractère, aptitude à affronter” de /NOR/: NORBAIT DA “c’est quelqu’un”, soit “pas n’importe qui” ; NOR BALITZ “s’il était capable” ; NOR BAHIZ HI “si tu es capable toi” ; NOR-NIZ-KERI “la manie du qui suis-je”, soit “prétention” abusive.
  Le latin n’a conservé que uĭr, correspondant à grec ἄρσήν (ársḗn) “homme mâle”, face à basque /AR/ et /NOR/. On retrouve écho de ce dernier dans gr. ἀνήρ (anḗr) désignant l’homme au sens de “viril, courageux, le guerrier” depuis Hom. au moins.
  La langue moderne a spécialisé /AR/ plutôt pour les animaux, /NOR/ pour le sens de “personne”. Néanmoins, le mot INOR (E(Z)-NOR ?), lat. nēmo (nehemo, hemo = homo) “pas un homme, personne” révèle le sens originel de /NOR/ “homme”, de même qu’apparaît son sens qualitatif dans NORTASUNA “personnalité”.
  Cf. gr. ἠνορέ (ēnoréē) “courage” « probablement issu d’un composé comme εὐᾱνορία [euānoría], lui-même dérivé de εὐᾱνωρ [euānōr] » Chtr. 88. Le skr. sūnȧraḥ “généreux” et sūnr̥tā “générosité”; le lat. « Něrĭo = fortis conserve le souvenir de cette valeur i.-e. [de /*ner/] » M. 439.
  Pour gr. ἀνήρ (anḗr), Chtr. 88 : « l’/α/ initial qui ne peut s’expliquer de façon sûre (prothèse ? ou alternance ?) se retrouve dans arm. ayr, génitif ar̍n (de /*anre/os/). Le thème de gr. ἀνήρ (anḗr) figure dans skr. (thème nar-), ital. ner- de l’osque génitif pluriel ner-um [bsq. NOR-EN génitif singulier et pluriel], lat. sab. nom propre Nerō, en celt., gall. ner, etc. »
  L’arménien ayr, génitif ar̍n (de /*anre/os/) nous semblerait établir le “pont” entre /AR/ et /NOR/, lat. uĭr et gr. ἄρσήν (ársḗn)... Ajoutons que IÑOR, Azk. I, 415, et NEHOR, Azk. II, 79, signifient à la fois “personne”, négatif, et “personne”, indéterminé, “un tiers”, “on” ; soit une ambiguïté : IÑOR vient-il de /E(Z)/ négation + /NOR/ “homme” skr. nar, véd. nar (souvent appliqué aux dieux), accusatif naram, osq. nür ... et le /I/E/ initial de I/EÑOR expliquerait la “prothèse” des autres formes (arménien, grec) ? Ou le
/I/E/ initial de bsq. serait-il lui-même une “prothèse” ? La même ambiguïté se retrouve dans IÑOLA/NEHOLA : “d’aucune façon” et “de quelque façon” ; dans IÑON/NIHUN : “nulle part” et “quelque part” ; dans IÑOIZ/NEHOIZ : “jamais” et “parfois”, comme fr. “si jamais il venait...”.
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