/*-AIL/*-OIL/ : suffixe apportant l'idée de “tirant
sur, tournant à”, etc., de racine /*w
o/e-/ “tour, tourner” : ZUHAIL
(de ZURI “blanc”) = “blanchâtre” ;
GORRAIL (de GORRI “rouge”) = “rougeâtre”
– cf. gr. κοράλλιον
(korállion) “corail rouge” - ; HORAIL (de HORI/HOLLI
“jaune”) = “jaunâtre” ; BERDAIL (de
BERDE “vert”, emprunt probable récent et suffixé)
= “verdâtre” ; HERDOIL/ERDOIL “rouille”
de /*ER/*HER/ “sol, terre” + /D/ phonétique
+ /-OIL “tirant sur, tournant à” = “tirant
sur, tournant à (la couleur de) terre” = “rouille”.
Par analogie le suffixe s'est étendu, semble-t-il, à de nombreuses
formations avec le sens plus ou moins dépréciatif de “pas
net”, “pas clair”, “pas noble”, etc. : GOSAIL
(de GOSE “faim, avoir faim”) = “pique-assiette”
; MUSAIL (de MUSU “nez”) = “d'appétit
délicat, gourmand”, se dit de l'animal qui flaire et dédaigne
de manger la nourriture présentée.
Correspondance possible : suffixe gr. en /-ιλο/
(-ilo) qui fait l'objet d'une longue étude de E. BENVÉNISTE,
Origines, 40 à 49 et de P. CHANTRAINE, Formation
des noms, 248 et sq., disant : « le suffixe /-ιλο/
(-ilo) semble avoir surtout été réservé au vocabulaire
familier, et il a surtout servi à constituer des diminutifs. Les
dérivés affectés du suffixe /-ιλο/
(-ilo) apparaissent pour la plupart dès les plus anciens textes :
*κοϝιλος,
éol. Κουιλος,
ποικίλος
(koϝilos, kouilos, poikilos) “bigarré, brodé, ciselé”
; ὀργίλος
(orgilos) “coléreux” ; ναυτίλος
(nautilos) “nautique”, etc. » Mais ces auteurs n'attribuent
pas à /-ιλο/-il/
de valeur précise, peut-être la forme en recouvre-t-elle plusieurs
dérivant d'un sens ancien très général, comme
bsq. /*-AIL/*-OIL/. |