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DEUXIEME PARTIE
4 - LES INVARIANTS
de l'indo-européen, essai de comparaison
avec les équivalents de l'Euskara

    4-A - PARTICULES DE PHRASES

    4-B - LES PREVERBES, PREPOSITIONS ET POSTPOSITIONS     

    4-C - LES ADVERBES    

A - PARTICULES DE PHRASES

Éléments qui restent constants ou que l’on considère constants, par opposition aux variables, dont on étudie les diverses valeurs (flexion nominale, dérivation, flexion verbale). En général il y a continuité entre les invariants et la flexion et des échanges entre invariants et formes fléchies. Lat. ea-pse, archaïque, et i-psa, classique. Bsq. EN-GOITIK “désormais, à plus de maintenant”, (EN), et N’EN-GO-EN (/EN-/ augment et désinence secondaire) “je demeurais”.

Les invariants ont des formes rappelant la flexion : lat. tum “tel”, talis/bsq. /KOLA/, a une forme d’accusatif singulier masculin, tam “autant” d’accusatif singulier féminin. Ce qui ne permet pas de dire qu’ils sont tels sur la seule apparence des formes.

Ces particules servent de préverbes, prépositions et postpositions.

 
B - LES PREVERBES, PREPOSITIONS ET POSTPOSITIONS

Des invariants mono ou dissyllabiques à valeur spatiale (“dans”, “sur”, “sous”,”vers”, “vers le haut”, etc.) se comportent en adverbes de phrase. Ils ont pu se lier parfois au verbe sur le plan du paradigme (exemple /EN-/ augment de l’euskera ← /UN(E)/ → pour la flexion “point” dans l’espace et le temps). L’exemple i.-e. classique est le verbe /*sed-/ “s’installer” → ní...sed- “se poser” (*nı̊zd- ō- “nid”). Cf. bsq. /XED-/XER-/ (E-XER-) “(se) placer, (s)’asseoir, (se) poser” et /*EN-/ “là, alors”, XEDERA “perchoir”. Le phénonème de l’univerbation est historique ní...sed- → *nísed-. Mais l’univerbation n’est que partielle, par exemple en allemand contemporain où les particules demeurent séparables. Elle est plutôt rare en euskera : MUSURKA/MUSURIN “fouiller le sol avec le groin” (MUS) est plutôt un composé classique, AURKEZ-TU “présenter” est pourvu d’un préverbe ; JAUNTZ-I “endosser, s’habiller” a un préverbe /*UN/ “dans, à l’intérieur” ← ONTZI “récipient, vaisseau”, cf. lat. induō “(se) vêtir” et exuō “(se) dévêtir” ← ERAUNTZI/EDAUNTZI “(se) dévêtir”.

On a cru un temps que l’univerbation et donc la préverbation étaient ignorées de l’indo-européen. Mais l’exemple de *nizdó- n’est pas seul à prouver le contraire : grec. ὄζος (ózos), arm. ast, germ. *asta- “rameau” remontent à un /*ozdo-/ qui suppose un préverbe /*o-sed-/ “être situé ensemble”// bsq. HOSTO “feuille”, HOSTAIL “rameau”, v. ind. prabhú “éminent”, lat. probus “bon” supposent un préverbe /*pro-bhewH1 / “être en tête”//bsq. /AUR-/ “devant” → génitif AURKO “notable, chef” → gr. ἄρχω, ἀρχή, ἄρχός (arkhō, arkhḗ, arkhós) “marcher le premier”, “être le chef”.

À l’époque historique, on observe que les postpositions s’agglutinent aux désinences pour les renforcer ou former de nouveaux cas : il en va ainsi de plusieurs désinences de l’euskera qui sont précédées de la désinence de génitif (les obliques). C’est l’origine de la flexion nominale des langues indo-européennes à partir de postpositions ne figurant qu’une fois dans le syntagme nominal. C’est encore la syntaxe de l’euskera.

 
C - LES ADVERBES

Formes nominales d’âges divers en i.-e., détachées de leur ancien paradigme par leur forme ou/et leur valeur. Certains sont proches de la flexion : bsq. /-KI/ (commun avec des formes grecques signifiant “à la fois” : polakis “souvent”, duakis “deux fois”, triakis “trois fois”, kiliakis ou myriakis “mille fois”). Ce “suffixe” d’adverbe de l’euskera est le même que la désinence d’unitif souletin /-KIN/-KI/ :

  « ERRAN GINION KORTERESKI
« GAUR BARA LEDIN GUREKI »
“nous lui demandâmes courtoisement
“que ce soir elle daignât rester avec nous”
Chant (XVIème S. ?) Ürzo xüri bat.

C’est aussi le cas des adverbes latins en /- ō/ ou ayant conservé des désinences casuelles disparues, en /-ē/. Pour lesquels, comme pour les adverbes grecs en /-ας/ (-as) nous proposons d’y voir un ancien instrumental comme bsq. /-EZ/-AZ/, toujours en usage pour former des adverbes dans l’euskera : ESKUZ “manuellement”, OTSEZ “bruyamment”, JAIEZ “festivement”, etc.