DEUXIEME PARTIE
1 - La Morphologie
de l'indo-européen, essai de comparaison
avec les équivalents de l'Euskara (suite 2)
C - |
Les
catégories et les partie du discours :
ETUDE DU NOM ET DES FORMES NOMINALES
(suite 2)
[...] |
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8
- |
LA DÉRIVATION
NOMINALE
Divers procédés permettent de construire des noms
à partir de la racine qui est lélément
lexical ultime de lanalyse morphologique à un moment
donné dune langue. Dans *pr̥k-skō
ð lat. poscō je
demande ; dune racine prec-
prière [bsq. PAR-KA exiger son
dû] inanalysable pour les linguistes, on a abouti
à une autre racine latine pose-,
etc.
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Les dérivés primaires sobtiennent
avec une première suffixation : noms, racines,
verbes-racine, parfois même sans suffixe ou voyelle
thématique. |
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Les dérivés secondaires sobtiennent
par des nouvelles additions sajoutant à la
première suffixation , mais suivant des règles
contraignantes : le thème verbal, racine à
létat II (réduit) suffixé une
fois ne peut plus lêtre une deuxième
fois, mais seulement élargi (morphème au
degré zéro). |
Une des difficultés dans la comparaison des formes basques
à leurs homologues indo-européennes sexplique
par le fait que quantité de racines i.-e.
sont des thèmes II (réduits), face aux formes
basques construites sur thème I (racine pleine) : bsq.
/*BAR-/BOR-/ avaler dans BAR-UR,
BOR-OSKA, se retrouve en grec bien maquillé
par le redoublement + réduction à létat
II : bibroskō
dévorer. On a lindice de la forme contaminée
bsq. BROSKA/BORROSKA miettes, broyat,
et la chance de lat. th. I, uor-āre
avaler, dévorer que lon peut comparer
à bsq. /(?)UR-GI/*HOR-GI/
(cf. HOKIN boulanger)
OGI pain que lon pourrait prendre pour
une racine alors que cest un dérivé de /*HOR/
+ /GI/, (cf. JAKI, AXURKI)
dont la racine /*HOR/ ou /*BOR/ sera présente,
avec un autre vocalisme (autre marque) dans basque AR-TO
pain (de maïs) actuellement, pain (de
millet) antérieurement, mais pain tout
court dans le grec, même moderne, artos ;
dans basque HAR-ITZ chêne =
arbre à nourriture attestant du /h/ initial
et pour le syntagme par lat. fāgus
hêtre en Italie, mais φηγος
(phegos) chêne en grec
φαγειν
(phagein) manger. |
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8.a |
- PROCEDES DE FORMATION DES NOMS
:
SUFFIXES NOMINAUX DE LA DERIVATION NOMINALE DE L’INDO-EUROPEEN,
ESSAI D’INTERPRETATION DE L’EUSKERA
La totalité de l’information sur l’Indo-européen
est reproduite de l’ouvrage de J. HAUDRY, L’indo-européen,
PUF, 1974.
Les procédés de formation des noms se définissent
donc par leur signifiant : la forme du suffixe
; le degré de la racine et la place du ton,
en i.-e., (pour les dérivés primaires) ;
et par leur signifié : nom daction, nom dagent,
nom dinstrument, adjectif dappartenance, de possession,
etc.
INDO-EUROPÉEN |
EUSKARA |
Exemple :
/*génH1-/
engendrer/naître 
/*génH1-os/
ce qui naît
Cest une formation de substantifs neutres primaires
sur racine à degré plein et ton radical ;
a valeur de médio-patient. |
/JIN/GIN/ venir, naître
/JINA/GINA/ qui est venu, né
Formation primaire sur racine à degré plein ;
a valeur de médio-patient |
Quelques
suffixes nominaux de la dérivation nominale
Cliquer sur l'un des suffixes indo-européens de la
liste suivante, fait apparaître dans la fenêtre
ci-dessous un essai d'interprétation en Euskara.
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8.b |
- TENDANCES OPPOSEES DE L’EVOLUTION
DES FORMES DERIVATIONNELLES : DYNAMIQUE UNITAIRE SELON LE PRINCIPE
D’ECONOMIE ET DYNAMIQUE DE DIVERSITE
Ces suffixes ne correspondraient quà une partie
du matériel reconstruit et seraient de chronologie diverse
: certains d'entre eux vivants et productifs en indo-européen,
et même à lépoque historique dans
les langues indo-européennes ; ils présentent
une unité de sens et de forme et sont plus faciles à
décrire. Dautres auraient été en
voie de disparition dès lindo-européen,
sont formellement divers et se répartissent sur plusieurs
fonctions.
Les correspondances de formes basques, que nous avons cru pouvoir
établir, portent sur des affixes toujours productifs
dans la langue, plus ou moins clairement motivés. Certains
ne le sont plus du tout, cest le cas des aoristes, en
tous cas non perçus comme tels. Ils ne figurent pas tous
sur la liste ici exposée. Beaucoup sont analysés
comme des emprunts au latin, ce qui se justifie, semble-t-il
pour quelques uns : IKUSTATE considération,
égard de IKUS voir, ARDIZIONE
(grande) quantité de brebis de ARDI
brebis, AHULEZIA faiblesse de
AHUL faible etc.
Pour lindo-européen, les comparatistes notent deux
tendances opposées de lévolution des formes
dérivationnelles :
► |
Une tendance unitaire fondée sur
le principe déconomie et de distinctivité
: elle élimine les représentants des valeurs
divergentes et résiduelles (noms dagents
en /*-TI/, gr. μάντις
(mantis) devin, bsq. AZTI id.
Ou des noms daction en /*-ter/,
lat. iter chemin. |
► |
Une tendance à la diversité,
à la polyvalence, qui sexprime par lemploi
des dérivés dune classe dans la fonction
de ceux dune autre classe et par lénonciation
sous-entendue, comme dans bsq, : MITTERAND-TA Mitterrand
et ses partisans. /-TARZUN/pour les abstraits,
sur BERO chaud déjà suffixé
BEROTARZUN chaleur pour BEROA
le chaud. |
Limpression prévaut parfois dune formation
par agglutination : bsq. /-TAR-ZUN/, i.-e. /*-to/,
/*-tey/, /*-tew/,
/*-te/or/
ayant /*-t/ suivi dun
second suffixe. Bsq. EHAILI frapper à mort
E-HO-/LE/
assassin + /I/ : /E/ augment, /HO/HAI/
racine verbale, /LE/ suffixe dagent, /I/
désinence verbale primaire. De même le suffixe
bsq. /-ZALE/ sur base verbale : /-ZA/ suffixe
daction (GALDETZA demande, ERORTZA
héritage, GELDITZA arrêt)
et /LE/ suffixe
dagent ; JARRAI suivre, poursuivre
JARRAIZALE suiveur avec doublet simple JARRAILE
de dérivation primaire.
La dérivation est mouvante, jamais complètement
stabilisée : il y a échange entre dérivation
primaire et secondaire : bsq. HEGAZTI doté
dailes et HEGAZTIN oiseau
HEGAZTIN-DU devenir ailé, (se) métamorphoser,
dit de la chrysalide qui éclot : il y a des rapports
entre la dérivation secondaire et la syntaxe de la phrase
simple, bsq. ETORRI GIRA KANTARI nous sommes venus chanteurs
= pour chanter ; gr. θηρέτορες
ἄνδρες (thēretores
andres) désignent des hommes qui chassent;
mais θηρητήρ
(thērētēr) est une qualification spécifique
attachée à une espèce animale : Hom. θηρητήρ
αἰετος (thērētēr
aietos) aigle chasseur, É. BENVÉNISTE,
Noms dagent, 45. Lopposition de deux formules
est ici éclairante : Τάφιοι
ληίστορες ληιστῆρσιν
ληιστῆρσιν
... ταφίοισι
: « on peut distinguer, à la lumière des
autres oppositions » 1º « des gens de
Taphos en expédition de piraterie (mont enlevée),
2º ληιστῆρσι
ἐπισπόμενος
Ταφιοισι
« ligué avec des pirates de Taphos », É.
BENVÉNISTE, Noms dagent, 47.
Plusieurs formations dérivationnelles sont entrées
dans la flexion nominale de li.-e. (féminin, comparatif,
superlatif) et dans la flexion verbale (participes) ; mais linverse
sobserve tout
autant : hypostase, par lequel une forme fléchie devient
à son tour base de flexion : lat. rēgīna
reine
génitif de rēx
roi et marque de féminin à la fois,
reçoit toutes les désinences casuelles. Bsq. AUHEN
insatisfaction, lamentation, plainte ï
génitif de OIHU appel, cri, se décline,
reçoit de nouveaux suffixes : AUHENDU lamenter,
actif, AUHENKATU id.. Cf. lat. uenus,
Venus désir
érotique, skr. uanaḥ
désir, M. 721-722. |
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